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○ les Mortimer ○
29 avril 2016

1.08 Un toît, enfin?

1

Quelques jours après l'incident avec Kurt, Chloé avait cependant pris une des suggestions du jeune homme au sérieux et la voici qui épluchait les petites annonces du site qu'il lui avait conseillé. C'était un début d'après-midi gris et pluvieux, une météo typique des rentrées des classes de sa jeunesse.

2

Alors qu'elle était sur le point de désespérer et de fermer la page, un titre retint son attention.

Petite maison...une chambre...belle vue sur la ville et l'océan...lit-elle mentalement. Son intérêt était piqué au vif, la jeune fille nota les coordonnées de la personne qui avait écrit l'annonce.

3

Au bout de trois sonneries, son interlocutrice décrocha et Chloé put engager la conversation:

«Allô bonjour, madame Lemaire?

-Oui?

-Bonjour, je m'appelle Chloé Mortimer, je vous appelle à propos de l'annonce pour la petite maison avec vue sur la ville. Elle est encore d'actualité?» demanda la blonde.

4

«Oh euh, ah, la maison! Oui oui. Vous voulez la visiter?

-Ce serait génial. Vous êtes disponible quand?

-Hm. En fin d'après-midi? Ça vous va?

-Parfait. Vous pouvez me donner l'adresse exacte?»

5

La jeune fille enregistra mentalement les indications de son interlocutrice. Cette dernière devait être un peu âgée car elle avait parfois du mal à comprendre et demandait à Chloé de répéter. Sa voix était également un peu cassée, enrouée. Le résultat d'une vie de cigarettes, probablement.

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Mince...il faut tourner à gauche avant ou après le cimetière...? douta-t-elle tandis qu'elle descendait les marches. Cependant, la jeune fille s'arrêta brusquement, regardant en bas.

7

D'une pierre deux coups. Non seulement elle venait de retomber sur le militaire lourdingue qui l'avait invitée à boire un café peu après son arrivée à Wellspring, mais en plus, Kurt était là aussi. Cela l'étonna. Elle ne le pensait pas du genre lecteur.

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Le soldat, l'ayant aperçue, se leva aussitôt pour la saluer. Ils engagèrent une conversation banale, échangeant sur le temps et les actualités. Chloé remarqua du coin de l'œil que Kurt avait cessé sa lecture et s'était levé.

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«Eh bien, je ne sais pas vraiment mais je trouve que les Lamas de Wellspring ont bien démarré la saison..vous savez, je ne m'y connais pas trop en sport mais je crois qu'ils ont gagné tous leurs match jusqu'ici.

-Hm, oui je crois. Bon, alors je vais tenter un petit pari sur les Lamas!» acquiesca le militaire qui s'était risqué à demander son avis à la jeune fille sur l'équipe locale sans savoir qu'elle n'y connaissait rien.

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Kurt, quant à lui, alla ranger le livre qu'il avait emprunté et, après un instant d'hésitation, sortit.

Chloé l'observait, toujours discrètement, et fut légèrement déçue qu'il ne vienne pas l'aborder.

Il doit encore se sentir mal à l'aise...supposa-t-elle.

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Dehors, le ciel était d'un gris compact, un de ces gris qui annonçait une pluie imminente. La blonde espérait seulement, à l'abri dans un taxi, que cela serait suivi d'un bel éclairci. Il était presque dix-huit heures et madame Lemaire l'attendait pour lui faire voir sa maison à louer.

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La première chose que remarqua Chloé en arrivant sur le lieu du rendez-vous, avant même la propriétaire, fut la maison elle-même. Petite certes, mais assez jolie. Bâtie sur un grand terrain, elle n'en prenait pourtant que moins de la moitié.

Dommage qu'elle soit si loin du centre-ville...je vais devoir investir dans un vélo.

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Elle fut tirée de ses pensées par une voix qui l'interpella. La même voix qu'au téléphone. Qu'elle ne fut pas la surprise de la blonde en découvrant qu'il ne s'agissait pas d'une dame âgée mais d'une jeune fille, peut-être même plus jeune qu'elle.

«Ah! Vous êtes sûrement Chloé. Je peux vous appeler Chloé? Je peux te tutu? Te tutoyer?» précisa-t-elle devant le regard interloqué de notre journaliste en herbe.

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«Euh, oui. Bien sûr» répondit la concernée. Aussitôt, son interlocutrice -qui se présenta comme une certaine Mia- lui exposa d'une traite tous les avantages qu'avait cette maison. Elle était visiblement pressée d'en finir avec ce rendez-vous. Ou était-ce tout simplement dans son caractère d'y aller à fond la caisse.

«Alors...déjà t'es au calme, tu n'auras pas le bruit des voitures, des mecs bourrés qui sortent des bars...tu vois le truc. Ah si, à la rigueur, des fois tu auras un cortège funèbre qui passera sur la route en contrebas pour aller au cimetière mais généralement dans ces occasions, ils ne klaxonnent pas.»

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«Et là, tu vois, juste à côté du terrain, il y a un petit parc avec une air de jeu. Bon, à mon avis t'as pas encore de môme mais si jamais tu fais du baby-sitting ça peut t'aider. Je parle en connaissance de cause!» poursuivi Mia avec un débit de parole impressionnant.

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«Dans l'annonce il y avait marqué qu'il y avait quelques travaux à prévoir?» demanda Chloé, se risquant à couper la parole à la jeune fille au chapeau.

«Oh, hum, ouais. Enfin, c'est plus de la rénovation qu'autre chose, c'est pas titanesque comme truc. Genre il faudrait refaire la salle de bain et la cuisine. C'était la maison de ma grande-tante Betty avant mais bon, après ce qui s'est passé dedans...elle n'a plus trop envie d'y remettre les pieds.

-Qu-...quelqu'un est mort?

-Hein? Ah non, mais son mari et elle vivaient là quand ils ont décidé de divorcer. Bref, on entre?» répondit Mia sur le ton de la conversation, imperturbable.

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Une fois à l'intérieur, la blonde put constater qu'effectivement, les équipements étaient un peu vieillots. Il y avait cependant assez d'espace pour elle et Miss Daisy et elle voyait déjà comment elle s'y prendrait pour aménager tout ça.

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L'unique chambre était également assez grande pour y rentrer un lit à deux places et peut-être une commode. Les fenêtres donnaient sur la baie, ce qui donnait un réel cachet à cette pièce que la jeune fille avait hâte de décorer.

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La salle de bain datait également un peu mais rien de très grave. Peut-être n'aurait-elle même pas à changer grand chose, un coup de peinture pouvait faire des miracles. Chloé apprécia particulièrement le miroir.

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«Et bien sûr, le trône! Mais évite de déclencher un conflit ouvert avec les sept comtés voisins pour en prendre le contrôle» lâcha Mia, appuyée sur le lavabo et occupée à se triturer quelque chose de coincé entre deux de ses dents.

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Satisfaite, Chloé se tourna vers elle:

«Ça me plaît beaucoup, en plus le loyer n'est pas mirobolant. Il y a d'autres personnes sur l'affaire ou c'est bon pour moi?

-Bah...si c'est bon pour toi, c'est bon pour moi...» répondit la fille au chapeau en retenant un baîllement. Elle promenait un regard neutre, presque désabusé, sur les murs de cette maison qu'elle n'avait du que trop connaître.

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«Enfin voilà. Du coup bah, si tu peux essaie de me faire un chèque d'ici la semaine prochaine pour ton premier mois de loyer. Si tu peux pas bah...fais-le le mois prochain. Ma grande-tante Betty est la vraie proprio mais elle s'est tirée en croisière avec son kiné. Et blindée comme elle est, pour tout dire, elle s'en fiche un peu du loyer de cette bicoque.»

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«La semaine prochaine ça devrait être bon. Merci en tout cas» dit très sincèrement Chloé en offrant un sourire à son interlocutrice décidément très spéciale mais néanmoins sympathique. Cette dernière demanda: «Alors comme ça t'es journaleuse?»

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La conversation s'éternisa tant et si bien qu'il faisait nuit lorsque Mia quitta les lieux. Elle semblait contente de s'être débarrassée de la corvée que représentait cette maison. Quelques minutes plus tard, Chloé s'en alla aussi pour regagner l'hôtel afin d'y passer une dernière nuit. En effet, sans meubles, difficile de s'installer! Elle planifia donc d'aller dès le lendemain au centre commercial pour une petite virée shopping.

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Il était presque quinze heures lorsque Chloé revint du centre commercial. Elle y avait fait quelques emplettes de première nécessité, demandant à ce qu'on lui livre les éléments les plus encombrants. La plupart des marchandises étaient arrivées et la jeune fille s'amusa à les disposer comme bon lui semblait.

Mais d'abord, le plus important...pensa-t-elle tout en remplissant la gamelle de Miss Daisy.

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Cette dernière fit le tour de la maison et décréta que son coin était définitivement l'endroit le plus confortable de ce nouvel endroit. Elle s'y laissa tomber lourdement et plongea dans la tête dans sa gamelle afin d'y attraper quelques croquettes, surveillant du coin de l’œil le vil carton qui, elle en était sûre, tentait de se rapprocher petit à petit de sa précieuse nourriture.

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«Alors ma grande? Ça te plaît ici?» vint demander la blonde, s'accroupissant pour gratouiller le menton de Miss Daisy, venue à sa rencontre. Le lien entre ces deux êtres se fortifiait jour après jour.

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«Tu vas voir, on va être bien ici...» acheva-t-elle en souriant.

 

Fin de l'épisode 1.08

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27 avril 2016

1.07 Miss Daisy

1

C'est une madame toutou toute fraîche et dispo qui descendit les marches de l'hôtel le lendemain. Elle évoluait sur le sol avec l'aisance d'une maîtresse des lieux et parvint même à ignorer avec brio les minauderies d'un Rod qui espérait pourtant qu'elle vienne lui dire bonjour.

2

Ben voyons...pensa ce dernier en regardant la chienne se faufiler par delà la porte entrebâillée de l'établissement. L'animal alla soulager un besoin naturel derrière un arbre et attendit sagement que son humaine ne descende à son tour.

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Après s'être renseignée auprès de Rod et d'un client qui se mêla sans vergogne à leur conversation, Chloé décida d'emmener sa nouvelle amie à ce qu'ils appellaient: "la Cour des Miracles". De cour, il ne s'agissait plutôt que d'une association étudiante qui regroupait plusieurs spécialités. Moyennant un abonnement peu coûteux, les habitants de Wellspring âgés de moins de vingt-et-un ans pouvaient venir profiter des installations du bâtiment. Cet abonnement n'était pas nécessaire en cas de présentation d'une carte d'étudiant. Les gens majeurs et non-étudiants pouvaient cependant venir profiter des services et compétences de jeunes diplômés d'astreinte, pour un tarif défiant toute concurrence.

4

La jeune fille, qui ne s'était pas changée, décida d'aller y consulter un vétérinaire tout en s'armant de patience. Effectivement, on l'avait prévenu que les visites se faisaient sans rendez-vous et que parfois, les créneaux horaires étaient tellement serrés que tout le monde ne pouvait pas passer. Chloé s'avança en compagnie de sa chienne jusqu'à la salle d'attente après s'être inscrite sur le registre et s'apprêtait à lire une brochure mise à la disposition des visiteurs lorsqu'on l'interpella:

«Hé, Pulitzer!»

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«Salut. Ça surprend hein? Sans les couettes?»

La jeune fille dut s'y reprendre à deux fois pour reconnaître Kurt qui, effectivement, changeait du tout au tour sans sa coiffure étrange. Il paraissait bien plus jeune ainsi.

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«Ah bah carrément, oui. Je t'avais pas reconnu. Qu'est-ce que tu fais là?» demanda-t-elle en s'installant à côté de lui.

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«Oh bah, je profite de la salle d'art, là-haut, pour tester quelques trucs qui me tiennent à cœur et que j'aimerais réaliser. Avec de la glaise.

-Ah, t'es abonné?

-Non. Mais ma carte d'étudiant périme d'ici un mois alors j'ai un peu le temps d'en profiter. Et toi?» répondit le jeune homme.

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Chloé lui raconta alors les événements de la veille et les circonstances qui avaient rendu sa rencontre avec sa chienne, possible. Kurt l'écouta attentivement, comme à son habitude, et hocha la tête, une expression agréablement surprise au visage.

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«Tu as eu de la chance de la trouver. Et elle en a eu encore plus que tu la trouves. Il y a pas mal de cinglés qui vivent dans les bois dont un qu'on appelle le Colonel. Un vieux militaire à la retraite. Complètement barge. Son délire à lui c'est de tirer à la carabine sur tous les animaux qui passent sur son terrain. Cerfs, lapins, renards...chiens» dit-il.

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«C'est horrible ce que tu dis là. Mais oui, elle a eu de la chance. Elle a simplement un petit bobo à la patte tu vois» fit la blonde en désignant le membre meurtri de sa compagne à poils courts. Kurt hocha la tête et ferma les yeux un instant, visiblement fatigué.

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Il enchaîna:

«Tu lui as trouvé un nom?

-Pas encore. Je n'y ai pas vraiment pensé jusqu'ici. Des suggestions?»

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Le brun n'eut pas le temps de répondre car déjà, la secrétaire appelait le nom de Chloé. Cette dernière se leva, sourit à son ami, et se dirigea en compagnie de madame toutou jusqu'au bureau du vétérinaire.

J'espère que tout va bien se passer...pensait-elle en avançant.

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La chienne entra bien plus contrite que l'humaine, et s'assit bien sagement aux côtés de celle-ci. Cette dernière s'installa sur la chaise et attendit que le vétérinaire entame la discussion.

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L'homme posa des questions sur la chienne, l'état et les circonstances dans lesquelles elle avait été trouvée, etc...Chloé répondit du mieux qu'elle put et, après un bilan de santé complet de l'animal, le vétérinaire se voulut rassurant: «Boah, tout va bien! Elle s'était cassé un ergot et ça commençait à s'infecter. C'est pour ça qu'elle avait mal à la patte. Avec ce bandage tout ira bien. Surveillez simplement qu'elle ne se l'arrache pas.»

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«Oh? D'accord, tant mieux, ça me rassure.

-Mais oui, c'est bénin. Elle a un nom cette jolie dame? C'est pour son dossier.

-Miss Daisy» répondit machinalement la jeune fille sans savoir pourquoi ce nom lui avait traversé l'esprit, s'y imposant comme une évidence.

Une fois le rendez-vous terminé, elle remercia vivement son interlocuteur et alla régler la consultation au secréteriat. Comme prévu, cela ne lui coûta pas grand chose. Une trentaine de simflouz.

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La jeune fille retrouva Kurt dans le couloir.

«Alors, comment ça s'est passé?

-Bien. Son bobo à la patte n'est pas grave. Regarde, elle a une jolie chaussette maintenant.»

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«Oh, génial. Parfait alors. Euh...je me demandais...enfin, c'est bientôt l'heure du dîner donc ça te dirait qu'on aille manger un bout quelque part?» proposa-t-il, hésitant. Chloé étudia la demande une fraction de seconde et finit par accepter de bon cœur: elle avait faim.

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Ils montèrent dans la petite voiture de Kurt. Un silence inconfortable s'installa quelques instants avant que le jeune homme ne se risque à le trancher:

«Tu as le permis?

-Oui, je l'ai passé à la fac. M'acheter une voiture est ma deuxième priorité après me loger» répondit-elle.

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Pendant les quelques mètres qu'il leur restait à parcourir, Chloé se plongea dans les souvenirs qu'elle avait conservé du passage de son permis. Cela avait été tout d'abord laborieux mais à force d'acharnement, la jeune fille avait fini par décrocher le précieux papier rose.

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Les deux amis arrivèrent à un bistro d'allure sympathique et conviviale, situé un peu plus à l'extérieur du centre-ville. Comme la température ne s'y prêtait malheureusement pas, ils décidèrent de manger à l'intérieur et pénétrèrent donc dans le restaurant...

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...suivis de près par Miss Daisy, gentiment tolérée et accueillie par l'équipe du soir que Kurt connaissait bien pour avoir travaillé avec eux auparavant.

 Le repas se déroula sans encombre. Les deux amis passèrent un agréable moment à bavarder tout en se régalant de tapas et autres mets à manger avec les doigts, sans chichis. Miss Daisy eut même droit à un petit pain de viande offert par la maison.

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«...et donc je veux essayer de trouver un petit truc, pas spécialement grand au début. Pas trop loin de World Life pour que je puisse y aller à pied ou à la rigueur en vélo. Si il n'y a pas de jardin tant pis, je promenerai Miss Daisy autant de fois qu'il le faudra...

-Mh-hm. Il y a un site de petites annonces réservé à Wellspring. Il est accessible via le portail web de la mairie. Tu devrais aller y jeter un œil» lui suggéra le jeune homme en prenant désormais la route de l'hôtel.

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Arrivés devant l'entrée de celui-ci, les deux amis se dirent au revoir, échangeant les banalités d'usage de ces moments-là.

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«Merci de m'avoir attendu et emmené manger. Et de m'avoir raccompagnée aussi. C'était cool de ta part.

-Mais non, rien de plus naturel» assura Kurt.

Le jeune homme hésita un instant avant de conclure maladroitement: «Bon eh bah, bonne nuit Chloé!»

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Il se détourna mais fut comme incapable de partir. La blonde s'apprêtait à lui demander ce qui n'allait pas mais Kurt fit soudainement volte-face, et sans qu'elle ne trouve le temps et le moyen de réagir, il pressa ses lèvres contre les siennes.

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Les mains puissantes du brun virent se poser dans le dos et le creux des reins de Chloé tandis qu'il l'étreignait contre lui.

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Lorsqu'il relâcha la jeune fille, ce fut pour bredouiller un vague: «Je...non. Laisse tomber, c'est moi, pardon» et filer, laissant son amie ébranlée.

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Qu'est-ce qui...non...tout va trop vite. Cet idiot a tout gâché...se lamenta Chloé, pressant une main sur son front. La tête semblait lui tourner. Elle réalisait à peine ce qui venait de se produire mais elle était sûre d'une chose.

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Quelles que soient les attentes de Kurt à son égard, elle ne pourrait en aucun cas y répondre.

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Une fois à l'intérieur du hall, elle alla se servir un grand verre d'eau dont elle avait décidément bien besoin. Elle le vida d'un trait, sous les commentaires goguenards d'un Rod à qui la scène n'avait pas échappé: «Héhéhé. Vous avez deux saisons d'avance les amoureux. Ou de retard...»

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Chloé eut beaucoup de mal à s'endormir cette nuit-là. Tout juste somnola-t-elle de temps en temps. Elle enviait Miss Daisy qui, bien loin de ces préoccupations d'humains, dormait paisiblement sur le lit d'à côté. Elle se sentait plutôt étrange. Un mélange d'angoisse mêlé de culpabilité et de flatterie. C'était toujours gratifiant de plaire à quelqu'un, mais il lui faudrait mettre les choses au clair avec son ami rapidement.

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Pour leur bien. À tous.

 

Fin de l'épisode 1.07

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25 avril 2016

1.06 Par delà les broussailles

0

Quelques jours après la rencontre de Chloé avec le frère de Jimmy Holden, cette dernière profitait d'un jour de repos pour explorer le bois aux alentours de l'hôtel. L'automne s'était définitivement installé et la jeune fille prenait désormais maintenant soin d'enfiler un gilet en toute circonstance.

1

Elle s'était promenée parmi la flore, s’asseyant au bord d'un étang le temps d'un court repos avant de prendre le chemin du retour. C'est alors que quelque chose attira son attention. Ce n'était pas le bruissement d'un fourré comme il était coutume d'en entendre en forêt. Non, c'était plutôt comme des...gémissements. Des plaintes, faibles et aiguës, qu'il aurait été facile de ne pas remarquer.

2

Qu'est-ce que...d'où ça vient? se demandait-elle en regardant tout autour afin de déterminer d'où provenaient ces bruits. La jeune fille plissa les yeux pour tenter de voir à travers les buissons, percevoir une forme, ou n'importe quoi d'autre qui aurait pu l'aiguiller.

3

Une nouvelle plainte, plus forte cette fois. Comme si ce qui produisait ces sons était conscient qu'ils avaient été entendus et que quelqu'un cherchait à s'en rapprocher. Chloé s'élança sans la moindre hésitation à travers des broussailles et se figea.

4

Allongé, un grand chien blanc qui ne semblait plus tellement jeune était occupé à se lécher une patte visiblement injuriée. D'un coup d’œil, la blonde remarqua que ladite patte ne saignait pas. Peut-être l'animal s'était-il froissé un muscle?

5

La jeune fille retint son souffle lorsque le canidé tourna la tête vers elle. Elle pensait qu'il s'enfuirait, mû par un instinct de préservation, mais il n'en fit rien. Se contentant de rester là et de la regarder.

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Cela encouragea Chloé à s'approcher pour lui tendre une main bienveillante.Elle procédait par gestes lents afin de ne pas brusquer le chien qui se releva, intrigué.

7

«Bah alors mon beau...qu'est-ce qu'il t'arrive?» demanda-t-elle alors que l'animal avançait très lentement le museau vers la main tendue. Ils se jaugeaient mutuellement mais ne semblaient être pourvu, l'un comme l'autre, d'aucun mauvais sentiment.

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Au final, le chien finit par appuyer doucement sa truffe contre la peau tiède de l'humaine. Chloé sourit et le gratifia alors d'une petite caresse sur le museau.

9

«T'es tout seul ici? Tu es sûrement à quelqu'un...» dit la jeune fille. Oh bien entendu elle n'espérait aucune réponse, le contraire aurait été clairement effrayant. Mais elle savait qu'il y avait quelques habitations isolées dans le bois et que ce chien avait de grandes chances d'avoir un maître inquiet à son sujet. Ou pas.

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Comme si le canidé ressentait les interrogations de la blonde, il se mit à s'agiter en poussant un bref aboiement qui d'ailleurs, tenait plus du glapissement qu'autre chose. Il semblait vouloir dire «Non, ne pars pas! Ne me laisse pas ici!»

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Qu'aurait-elle pu faire d'autre? Chloé s'accroupit pour de nouveau offrir quelques câlins à l'animal, tentant de le rassurer et de continuer de le mettre en confiance. Tout en procédant, elle parlait avec douceur: «D'accord, d'accord. Je t'emmène. Mais si tu appartiens à quelqu'un, je devrais te ramener chez toi.»

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La jeune fille regagna l'hôtel. Elle avait profité du trajet pour préparer tout un discours à l'attention de Rod afin de justifier et lui faire accepter la présence du chien dans l'établissement alors que les animaux n'y étaient pas tolérés.

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La voyant arriver,  le réceptionniste la salua:

«Oh, mademoiselle Mort-...» s'interrompit-il en remarquant la présence d'un autre visiteur à quatre pattes.

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«Oh non, non mademoiselle Mortimer. Ce chien est à vous? Vous savez bien qu'ils sont interdits!

-Oui je sais mais écoutez, il était abandonné en plein bois et vous voyez, sa patte avant boîte!» tenta de l'amadouer Chloé. La discussion se poursuivit, chacun faisant valoir ses arguments, dont certains pas tellement édifiants et clairement tirés par les cheveux.

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Pendant que les humains tergiversaient, le chien s'éclipsa dans le jardin. Il semblait suivre une piste très intéressante...

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...qui le conduisit jusqu'au potager, à l'arrière de l'hôtel...

17

...à un plant de fruit à maturité qui devait être récolté le lendemain...

 

18

...jusqu'à de nombreuses, sucrées et délicieuses baies que l'animal dévora sans scrupules, les engloutissant sans même les savourer et laissant branches et tiges dépourvues de toute trace d'un éventuel fruit.

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S'étant enfin aperçu de l'absence du chien, Chloé se rendit sur le pas de la porte et l'appela, maladroitement et sans conviction: «Euh...le chien? T'es où le chien? Le chieeeeeen!»

Ce dernier la rejoignit bien vite, oreilles au vent, à sa plus grande surprise.

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La jeune fille avait obtenu de Rod de pouvoir garder le chien jusqu'à ce qu'elle déménage, mais elle en serait évidemment responsable en cas de dégradation ou d'incidents avec les autres clients. Il fit même l'effort de lui fournir un vieux paquet de croquettes retrouvées dans un débarras. encombré d'un tas d'objets qui prenaient la poussière.

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Elles ont pas l'air fameuses mais ce sera toujours mieux que rien...pensait-elle en versant lesdites croquettes dans une gamelle en plastique usée, retrouvée non loin du paquet. Un tapis avait également été installé afin que le parquet ne soit pas abîmé.

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L'opération s'était déroulée sous l’œil critique et attentif du chien, qui une fois la gamelle remplie, se rua dessus. Il n'en mangea que quelques-unes, son estomac étant déjà bien rempli par les baies du potager. Chloé pensa qu'il n'aimait tout simplement pas cette marque de croquettes.

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Pendant que l'animal mangeait, la jeune fille s'était éclipsée dans la salle de bain pour se doucher et se mettre en pyjama. Elle s'était également brossé les dents. Décidément...il serait temps que je me décide à chercher une maison...voire un petit appartement, se disait-elle.

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Lorsqu'elle regagna sa chambre, elle put constater que son lit était déjà occupé. Occupé par le...la...Tiens?

Son œil fut malgré elle attiré par l'entrejambe de l'animal et Chloé remarqua qu'il s'agissait d'une femelle. Non pas que cela change grand chose mais c'était toujours bon à savoir!

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Afin de ne pas déranger sa nouvelle amie à quatre pattes, la jeune blonde alla s'installer sur le deuxième lit. Peut-être irait-elle lui acheter un panier, mais tant que Rod ne râlait pas, elle estimait que le lit serait un endroit tout à fait correct pour une bonne nuit de sommeil. Qu'on soit humain ou canidé.

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Il plut à verse cette nuit-là, et quelques éclairs lointains illuminèrent les environs par des flash réguliers. Toutes profondément endormies qu'elles étaient, ni Chloé ni la chienne ne remarquèrent les trombes d'eau que cette dernière avait, de par cette rencontre inopinée, réussi à éviter.

27

Et aucune d'entre elles ne furent réveillées par la discussion étrange qui se tenait au rez-de-chaussée, alors que le pauvre Rod devait faire face à un homme dont il n'appréciait ni les visites ni les manières mais auquel il devait malheureusement se soumettre.

28

Un visiteur très intéressé par la cliente blonde qui avait posé ses valises à l'hôtel il y avait maintenant plus d'un mois.

Fin de l'épisode 1.06

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22 avril 2016

1.05 Le journal de Jimmy Holden

1

Un mois s'était écoulé depuis l'arrivée de Chloé à Wellspring. La vie avait suivi son cours entre ses journées pas toujours gratifiantes au bureau, le Olde Tower Pub et l'hôtel. Son acharnement au travail avait payé et elle était à présent chargée de faire le tour des commerces de la ville et d'interroger des personnes au hasard dans la rue afin de leur soutirer des informations intéressantes sur ce qui se passait dans la région.

2

L'automne s'était définitivement installé et la jeune fille ne s'étonnait même plus de voir un magnifique ciel bleu couplé à de frustrantes gouttes de pluie. En sortant du travail ce jour-là, elle fut surprise par le jet de la fontaine installée juste devant le bâtiment.

«Woh! Je me ferai toujours avoir...» marmonna-t-elle en regardant l'eau s'élever, stagner, puis redescendre.

3

Alors qu'elle s'apprêtait à monter dans la voiture qui la reconduisait inlassablement à l'hôtel, Chloé fut abordée par un homme en salopette de travail qu'elle avait déjà croisé dans les couloirs de World Life.

«Bonjour, fit-il, vous êtes bien mademoiselle Mortimer? Désolé de vous accoster comme ça mais...je vous ai amerçue plusieurs fois dans les bureaux et je ne savais pas vraiment vers qui me tourner.»

4

«En quoi puis-je vous aider?» répondit la jeune fille, intriguée. Elle avait souvent eut affaire à des personnes plus ou moins loufoques depuis qu'elle avait été promue mais cet homme-là avait l'air sincère.

5

«Voilà...mon frère a travaillé pour World Life il y a bientôt cinq mois. Et d'un jour à l'autre, il s'est totalement volatilisé. Sa ligne téléphonique a été suspendue et aucun mouvement n'a été détecté sur son compte bancaire...c'est comme s'il avait disparu. La police n'a toujours aucune piste et c'est pour ça que j'ai décidé de me faire embaucher ici, à la maintenance.

-Comment avez-vous fait? Le recruteur a bien du faire le rapprochement entre votre nom de famille et votre frère?» demanda Chloé, perplexe.

6

«Nous n'avons pas le même père, donc le nom de famille est différent. Bref, toujours est-il que j'ai retrouvé ça un jour en allant chez lui. Il l'avait dissimulé derrière une grille d'aération, dans son bureau. Je pense que ça peut vous intéresser. Je ne sais pas si je peux vous faire confiance mais je n'arrive à rien, seul. Je joue quitte ou double sur ce coup. Surtout mademoiselle, faites attention à vous.

-À moi?

-Oui. Vous êtes sa remplaçante.»

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L'homme lui remit un épais carnet et s'en alla après un hochement de tête entendu. Le doute et la stupéfaction se disputaient la part du lion chez la jeune fille qui, pour y voir plus clair et commencer sa lecture, fonça au Olde Tower Pub sous une pluie de plus en plus battante.

8

À peine eut-elle passé la porte qu'elle remarqua que l'endroit ne serait vraisemblablement pas l'idéal. En effet, nombre de ses collègues étaient accoudés au comptoir. Il lui était donc impossible d'étudier ce carnet sans risquer d'éveiller la curiosité de ceux-ci. Chloé décida de se trouver un abri anonyme, là où elle aurait peu de chances d'y croiser un membre de World Life.

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C'est ainsi qu'elle se retrouva dans la laverie publique qui était, à cette heure-ci, totalement déserte. Les gens y venaient plus généralement tôt le matin ou en soirée, faisant tourner leur linge et allant dîner pendant le temps du lavage.

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Ici, ce sera très bien...pensa Chloé en se dirigeant vers un fauteuil installé dans un coin, isolé. Elle sortit le carnet qu'elle avait jusqu'ici dissimulé sous sa veste.

13

Une fois assise, la jeune fille en examina la couverture.

14

«Le journal de Jimmy Holden...» lit-elle à voix basse tout en faisant courir la pointe de son index sur la tranche de l'ouvrage.

16

L'apprentie journaliste commença alors sa lecture. Son regard bondissait d'une ligne à l'autre et sa surprise grandissait à chaque page. Son inquiétude aussi.

17

Dans ce journal, Jimmy Holden faisait état de l'attitude étrange de certains dirigeants de la boîte. Suite à des aller-retours suspects de leur part et des irrégularités subtiles dans la comptabilité, l'homme décida de mener sa propre enquête en interne mais malgré toute la discrétion qu'il avait mis en œuvre pour procéder, il fut pris sur le fait entrain de récupérer des données sur l'ordinateur du rédacteur-en-chef via une clé USB.

17-2

Qu'est-ce que c'est que cette histoire...songea Chloé en refermant le carnet. Elle souffla longuement et s'étira tout en regardant autour d'elle, soucieuse. La dernière entrée du journal datait de plus de deux mois, soit approximativement le moment où les recruteurs de World Life l'avaient abordé sur le campus de Bridgeport. La jeune fille décida d'aller dîner et de prendre le temps de réfléchir à tout ça.

separatorwhite18-2

Situé à quelques rues des locaux de World Life, de l'autre côté du parc, se situait un restaurant récemment ouvert que la jeune fille décida de tester. Il possédait une jolie terrasse et, mangeant suffisamment tôt, elle put en profiter seule.

18-1

Malgré la fin de journée, il faisait encore plutôt doux. Les couleurs d'automne commençaient à prendre possession de la végétation dont la ville était pleine et ceci, pour le plus grand plaisir de Chloé qui avait toujours aimé cette saison.

18-3

À moins que tout ça ne soit qu'un canular...? Après tout ce serait bien leur genre mais...pousser la chose aussi loin? Jusqu'à en écrire des pages entières...? Tout se bousculait dans sa petite tête blonde tandis qu'elle engloutissait un plat de pâtes carbonara et leurs fonds d'artichauts.

18-4

Lorsqu'elle eut fini de manger, Chloé alla se servir de l'eau au bar en libre-service sur la terrasse. Cela évitait de devoir mobiliser un employé juste pour cet endroit. Les clients qui désiraient manger dehors devaient d'ailleurs payer leur repas par avance, cela évitait les trop fréquents resto-baskets.

18-5

L'eau fraîche la désaltéra, lui faisant un bien fou après une si grosse plâtrée de pâte. Mais gourmande comme elle était, il était certain qu'elle reviendrait à une occasion ultérieure. Peut-être accompagnée, qui sait?

18-6

Le jour commençait à baisser et elle décida de commander un taxi pour regagner l'hôtel. Décidément, ce trajet était beaucoup plus agréable lorsqu'on était bien à l'abri et que l'on épargnait ses pieds d'une marche longue et pénible.

separatorwhite18-7

Une fois arrivée, Chloé se dirigea tout droit vers Rod:

«Bonsoir Rod. Excusez-moi de vous déranger mais j'aurais une petite question à vous poser.

-Mais je vous écoute, mademoiselle Mortimer. Que puis-je faire pour vous?

-Eh bien voilà. Je me demandais si vous connaissiez un certain monsieur Holden. Un ancien client de l'hôtel, peut-être?»

18-8

L'homme consulta un bref instant son registre avant d'en revenir à la jeune fille, enthousiaste:

«Mais oui, absolument. Monsieur Holden, Jimmy, de son prénom. Un chouette gars, si vous voulez mon avis. Gentil, bosseur, poli...Il arrivait tout droit du campus d'Isla Paradisio. Quel dépaysement cela devait être pour lui!» affirma-t-il.

18-9

La jeune fille commençait à trouver une forme de véracité dans ce qu'elle avait pu lire dans le journal de ce fameux Jimmy. Elle demanda:

«Il est resté longtemps ici?

-Oh, deux ou trois semaines. Il s'est ensuite trouvé un studio en ville je crois.

-Quelle chambre il occupait?

-Mmh...la 8, au premier étage. Mais pourquoi toutes ces questions?

-Eh bien, disons que c'est un collègue que j'ai perdu de vue et je m'inquiète un peu pour lui..la pression peut-être difficile à supporter à World Life.»

18-10

«Ah ça! Les patrons sont réputés pour être des durs à cuire. D'ailleurs, cela me rappelle qu'avant votre venue ils m'ont expressément demandé de ne pas vous donner la même chambre que monsieur Holden. J'imagine que cela doit être une histoire de superstition.»

19

De plus en plus décontenancée par la tournure que prenaient les événements, Chloé remercia Rod pour ces précieuses informations et alla dans le jardin pour recommencer sa lecture. Le temps se faisait frisquet mais peu importait, elle était trop concentrée pour s'en formaliser.

20

La jeune fille finit de relire le journal et soupira longuement. Cette affaire la dépassait et l'inquiétait. Si ces faits s'avéraient exacts, ne se mettaient-elle pas en danger en y fourrant son nez? Ne devrait-elle pas plutôt rendre le journal au frère de Jimmy et continuer sa vie comme si de rien n'était?

21

Comme je voudrais que tu sois là...tout serait tellement plus simple...

23

...Yann.

Fin de l'épisode 1.05

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20 avril 2016

1.04 Un surprenant debriefing

1

C'est de bon matin que nous retrouvons Chloé entrain de finir de se préparer pour sa première journée. La nuit avait été courte et parsemée de plusieurs réveils en sursaut, elle qui craignait inconsciemment que son téléphone ne sonne pas et qu'elle arrive donc en retard au travail.

2

La jeune fille avait fait simple pour son premier jour. Vêtue d'une tenue décontractée, elle n'avait pas fait d'effort particulier si ce n'était un peu de rose sur les joues pour lui donner bon teint.

3

C'est donc relativement pimpante qu'elle quitta l'hôtel après avoir salué Rod, fidèle au poste, pour regagner la route où l'attendait une voiture.

4

L'entreprise lui payait le taxi tant qu'elle résiderait aussi loin et cela l'arrangeait beaucoup. Autant garder son argent pour trouver de quoi se loger plus tard. Aussi étrange que cela pouvait paraître, elle commençait à se sentir bien à l'hôtel et n'envisageait plus les deux mois là-bas comme un calvaire.

separatorwhite5

Dix-huit heures...elle sortit éreintée des bureaux de World Life. Pour une première journée ils ne lui avaient pas fait de cadeau. Chloé avait même du renoncer à sa pause complète pour déjeuner et se contenter d'un sandwiche caoutchouteux au distributeur.

6

J'ai l'impression d'être une stagiaire...j'ai pas signé pour ça, moi...pensa-t-elle amèrement en envisageant de passer par le Olde Tower Pub avant de rentrer. Après tout, elle avait promit à Kurt d'y venir déjeuner et n'avait pas pu.

7

À peine avait-elle opté pour le oui que son téléphone vibra. Elle crut d'abord que c'était un appel entrant mais il ne s'agissait en fait que d'une notification pour lui indiquer un nouveau message vocal. Intriguée, elle écouta, et ses traits fatigués s'affaissèrent un peu plus encore...

8

Un verre...j'ai besoin d'un verre...se dit la jeune fille en poussant les portes du bar tout à côté. Fort heureusement pour elle, l'endroit était désert. Ses collègues avaient renoncé à la dernière bière avant de rentrer et grand bien lui en faisait, elle pourrait donc parler librement à Kurt de sa première journée.

9

«Hey!» fit d'ailleurs ce dernier lorsqu'il l'aperçut. Le visage si habituellement fermé du jeune homme se détendit un peu et il posa le verre qu'il était entrain d'essuyer. Chloé afficha une moue sans répondre, se contentant de s'installer au comptoir.

10

«Ah...ça a pas l'air d'aller. Sur les rotules hein? Ça m'étonne pas.

-Vraiment? Tous les premiers jours sont aussi difficiles pour tout le monde?

-Pour tout le monde, je sais pas. Mais vu ce qu'ils racontaient ce midi pendant qu'ils mangeaient...ils s'en sont donné à cœur joie.» répondit Kurt.

11

La jeune fille dressa les sourcils et poussa un soupir dépité, détournant le regard pour observer d'un œil morne, la décoration qui d'ordinaire lui plaisait tant. Aujourd'hui, elle en était presque indifférente.

«Aller...un petit remontant» décréta le barman en se mettant aussitôt à la tâche sans attendre de réponse.

12

«Qu'est-ce que tu me fais de beau?» se décida à demander Chloé. Le brun s'était emparé d'une sorte de bonbonne peu engageante.

«Tu verras. Mais il manque la...

-Touche finale.» terminèrent-ils tout deux de concert. Ils sourirent.

13

Il déposa devant elle un cocktail plutôt...explosif. Il était étonnement sucré et si léger que la jeune fille dut s'y reprendre à plusieurs fois et bien se concentrer pour discerner la pointe d'alcool.

14

«Je l'ai appelé la Manivelle. Tu sais, par rapport au mécanisme des automates qu'on remonte quand ils sont à plat.

-Je vois très bien...» répondit Chloé en observant le contenu du verre, l'air blasé.

15

Si ça se trouve ce n'était qu'une sorte de bizutage...se disait la blonde en fixant un point invisible.

16

C'était quand même super pénible...

Kurt remarqua la mine basse de la jeune fille et pina les lèvres, l'air compatissant.

17

«Tu veux en parler? C'était si atroce?

-Atroce? Peut-être pas, mais pas loin en tout cas! Si tu savais à quoi j'ai été cantonnée toute la journée!» s'exclama-t-elle en tapant du poing sur le comptoir.

18

«Olah, va pas me casser les meubles. Tiens, on a qu'à aller s'installer» fit Kurt, vaguement amusé malgré lui par l'humeur de la jeune fille.

19

Il désigna du menton un petit espace garni de banquettes où les clients pouvaient s'asseoir tranquillement pour papoter. Chloé accepta et tout deux allèrent s'installer.

20

«Alors?» demanda-t-il. La blonde réfléchit un court instant, retenant un soupir, avant de se lancer:

«Ils m'ont cantonnée à des tâches idiotes. Du style parcourir les sites de buzz américains pour leur pomper des actualités insolites. Et toute la matinée. J'ai même du faire une croix à ma pause midi.

-J'ai remarqué oui» acquiesça Kurt.

21

«Quand ils sont venus me débaucher sur le campus, je pensais que c'était une opportunité rêvée. Je me suis toujours intéressée aux conflits territoriaux, aux renversements des régimes totalitaires, au droit des femmes dans les différentes sociétés. Je pensais que ce poste me donnerait l'occasion de voyager, d'aller à la rencontre de ces différents protagonistes anonymes qui pourtant font l'Histoire. Mais non. Au lieu de ça j'ai passé cinq heures à rédiger un article sur un chien qui a appris à faire du kitesurf» monologua-t-elle.

22

«Alors c'est ça ton truc? Aller sur le terrain?

-Ce serait extraordinaire. Tu sais, mes parents n'avaient pas tellement les moyens de nous faire voyager. Nous sommes partis une fois en Chine et ça a été une expérience vraiment enrichissante, surtout depuis que la culture de l'enfant unique n'est plus d'actualité...» répondit Chloé, visiblement contente à l'idée d'exprimer ce qui lui tenait à cœur.

23

Le jeune homme l'écoutait avec attention, la coupant parfois pour poser des questions et la blonde se sentait bien, à l'aise, en compagnie de quelqu'un qui semblait sincèrement intéressé par ce qu'elle avait à raconter.

24

«Et toi, c'est quoi ton truc? Le bar?» finit-elle par lui demander. Kurt ferma les yeux et sourit légèrement, secouant la tête à la négative.

25

«Non. Tu sais, le bar au début ce n'était qu'un extra en parallèle de mes études. Histoire de me faire un peu d'argent, tu vois? Mais au final ça ne me plaît pas plus que ça, comme les études d'ailleurs. J'ai fini par laisser tomber le lycée un mois avant d'être diplômé et j'ai pris ce poste à temps plein.»

Il hésita un instant et poursuivit:

«Moi, ce qui me botte, c'est l'art. La peinture, la sculpture...ce genre de truc quoi.»

25-2

«La...sculpture..?» demanda Chloé, dubitative. Elle ne s'attendait clairement pas à ça, surtout venant d'un grand gaillard comme lui. Non pas qu'elle pense que les barman soient des écervelés qui n'avaient trouvé que ce job pour survivre, loin de là. Seulement...disons qu'elle était surprise.

«Mh-hm, quand j'ai le temps, je sculpte» fit simplement le jeune homme en hochant la tête. Il s'attendait à cette réaction.

26

Elle se reprit: «Oh bah. Mettons qu'un jour, miraculeusement, j'évolue...je pense que je me fendrai bien d'un petit papier sur tes futures créations! Et on fera 50/50 sur les bénéfices, ça marche?

- Ok, tope la.»

27

Les deux désormais amis restèrent encore quelques temps à discuter de tout et de rien et finirent par se dire au revoir tandis qu'une vague de clients entraient, bien décidés à prendre le bar d'assaut.

«Aller, courage, ça va aller. Passe quand tu veux» dit Kurt, le pouce levé. Chloé lui répondit qu'elle n'y manquerait pas.

28

C'est ainsi que s'acheva la premier journée de travail de mademoiselle Mortimer. Elle était déçue et son appréhension ne faisait qu'augmenter. Heureusement qu'elle pouvait compter sur l'oreille bienveillante d'un ami.

 

Fin de l'épisode 1.04

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18 avril 2016

1.03 «La déception est une constante ici?»

1

Le réveil se fit en douceur le lendemain matin. Il était relativement tôt et Chloé était la première surprise de n'avoir que si peu dormi et pourtant, de se sentir autant en forme. Elle avait envie d'explorer la ville et pour cela, rien de mieux qu'un petit-déjeuner pour bien démarrer la journée.

2

La jeune fille descendit jusqu'à la cuisine et croisa une autre cliente, qui la salua par politesse.

Ah, elle mange bien à la cantine celle-là dis donc...pensa Chloé, non sans mesquinerie, avant de se préparer des tartines de confitures accompagnées d'un verre de lait.

3

Une fois l'estomac plein et après s'être changée, elle se dirigea vers le hall et salua Rod:

«Bonjour Rod. Comment ça va?

-Mais très bien mademoiselle Mortimer. Ça va être une belle journée.» répondit ce dernier en désignant l'extérieur, à travers une fenêtre.

4

«Ah? Si vous le dites. D'ailleurs, à ce propos, vous me conseillerez des endroits particuliers à visiter, des trucs à faire?»

5

«Eh bien, je pense qu'on ne peut pas apprécier Wellspring à sa juste valeur tant qu'on a pas été voir ses plages. Il y en a deux qu'on a pour habitude de nommer la petite et la grande. Vous avez de la chance, la petite accueille en ce moment-même un festival. Vous vous y amuserez sûrement beaucoup.

- Ça a l'air sympa. Va pour le festival!» fit Chloé, déjà souriante à l'idée de voir la plage.

6

Rod acquiesça:

«Vous voulez que je vous commande un taxi?

-Vous serez gentil.»

7

Le taxi la déposa non loin de la plage, la laissant parcourir les quelques trois-cent mètres qu'il restait à pied. Rod avait vu juste en affirmant qu'il ferait beau et la jeune blonde fut ravie de constater que la plage était non seulement très jolie mais que l'eau, était bien plus belle encore.

8

Cette ville n'est peut-être pas si mal après tout, pensa-t-elle tout en s'approchant au bord de l'océan. Les vagues étaient constantes et douces, presque sereines et parfois, un poisson jaillissait hors de l'eau en attisant l'intérêt des mouettes du coin. Une petite musique attira l'attention de Chloé qui repéra le festival et s'y dirigea.

9

La première chose que fit la jeune fille fut d'emprunter une paire de patins à roulettes et de s'élancer sur la piste. Le festival venait d'ouvrir et en pleine semaine, il était tout naturel qu'elle y soit pratiquement seule.

10

Elle put donc totalement profiter de la piste de patinage et s'en donna à cœur joie. Comme l'ambiance ici devait être charmante quand les familles s'y rendaient! C'est d'ailleurs un endroit où elle-même aimerait emmener les siens un de ces jours, qui sait...?

11

Chloé continua de patiner quelques temps en manquant plusieurs fois de tomber, mais toujours avec la grâce d'une poularde comme disait sa mère. Il devait être treize heures lorsqu'elle arrêta pour aller manger.

12

«Bonjour. Je prendrai un hot-dog sans ketchup.

-Vous voulez autre chose à la place du ketchup? De la moutarde?

-Ah tiens, oui. De la moutarde..»

13

Un gros nuage s'était installé au dessus de Wellspring pendant que Chloé mangeait. Cela attaqua un peu son enthousiasme mais elle se réconforta en pensant que ce n'était sûrement que passager. C'est alors que son téléphone sonna.

14

«Allô?

-Mademoiselle Mortimer? C'est Rod, le réceptionniste. Il va y avoir de l'orage et je voulais savoir si vous aviez bien fermé la fenêtre de votre chambre? Sinon je peux mont-...

-Ne vous inquiétez pas, elle est bien fermée. Merci.»

15

 De l'orage...vraiment? pensa-t-elle en observant le ciel. La vendeuse du festival fit de même et se mit aussitôt à replier son stand.

16

Et effectivement, les nuages se faisaient plus compacts. De même, la mer commençait à s'agiter et tout cela convainquit Chloé qu'il était temps de partir. Tant pis pour la baignade!

La déception est une constante ici? Se dit la jeune fille.

17

C'est un peu déçue qu'elle reprit le chemin de la ville, pressant le pas pour ne pas subir l'averse.

Je commence à penser que le type bizarre d'hier avait raison...il fait pas souvent beau...se dit-elle en retenant un soupir.

18

La jeune fille décida de se rendre à la bibliothèque qu'elle avait repéré lorsqu'elle attendait un taxi, lors de son arrivée à Wellspring. C'était d'ailleurs un temps à aller dans ce genre d'endroit et Chloé atteignit le bâtiment à l'instant même où la pluie commençait à tomber.

19

En entrant, elle tomba sur un militaire en faction. Un peu étonnée, elle s'approcha:

«Bonjour. Je suis surprise de voir un militaire ici.

-Bonjour madame, fit celui-ci avec une touche solennelle, ordre a été donné de nous déployer sur tous les sites culturels et de divertissements de Wellspring. Question de sureté nationale.»

20

«Oh euh, très bien, d'accord.

-Mais si vous avez du temps, on me relève dans une heure...vous me laisserez sûrement vous offrir un café?

-Très flattée mais non, vraiment. Je dois y aller» répondit Chloé en désignant l'escalier qui menait à l'étage.

21

Ça va, il perd pas le nord celui-là...se disait-elle tout en prenant place à l'un des ordinateurs mis à dispositions des visiteurs. La jeune fille alla consulter sa page sur un réseau social et se mit au courant des dernières actualités mondiales.

 22

Elle se connecta ensuite à sa boîte mail et entreprit d'en rédiger quelques-uns à l'intention de ses proches. Chloé écrivit donc à ses parents ainsi qu'aux amis qu'elle s'était fait sur le campus.

Blablabla...bien arrivée...blabla...beaucoup de pluie..blabla...premier jour demain...blabla...vous donnerai des nouvelles..blabla...

23

Après avoir fini d'envoyer ses e-mails, la jeune fille se recula et s'étira en regardant par la fenêtre. La pluie avait cessé et le jour baissait. Un très joli double arc-en-ciel s'était formé et elle l'admira un instant avant de se décider à aller dîner en ville.

24

Au hasard de ses déambulations dans les rues de Wellspring, elle tomba rapidement sur un restaurant d'une chaîne de cafétéria bien connue. Tant mieux. Rien ne lui faisait plus envie qu'un double-cheeseburger avec ses frites de patate douce.

25

En même temps, à qui cela ne ferait-il pas envie?

26

Une fois qu'elle eut terminé ce repas qu'elle considérait comme exceptionnel étant donné ce qu'elle avait jusque-là mangé depuis son arrivée, la jeune fille regagna son hôtel. Elle rentra à pied pour se familiariser avec le bois, histoire de ne pas être aussi effrayée chaque fois qu'elle aurait à faire ce trajet seule.

27

Après avoir salué Rod et déploré avec lui le mauvais temps qui avait gâché son expérience à la plage, Chloé monta dans une salle de bain et s'y enferma pour profiter d'une douche bien chaude, bien revigorante. Malheureusement pour elle, le ballon d'eau chaude avait du être beaucoup sollicité aujourd'hui car bien vite, il ne resta que de l'eau froide. Cela ne l'étonna même pas.

28

Et la journée s'acheva comme elle avait commencé: au lit. La jeune fille eut du mal à trouver le sommeil, stressée qu'elle était d'affronter sa première journée le lendemain. Elle commençait tôt, vers sept heures et demie, et ne savait pas à quelle heure elle finirait.

Faites que ça se passe bien...ne pouvait-elle s'empêcher de penser et ce, jusqu'à ce que ses yeux se ferment.

 

Fin de l'épisode 1.03

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17 avril 2016

1.02 Le Olde Tower Pub

1

Chloé émergea de sa sieste vers quatorze heures. Comme il pleuvait toujours, la jeune fille décida de faire le tour du propriétaire, visitant ainsi la cuisine, la salle de séjour ainsi que le jardin. Pour son plus grand malheur, les salles de bains étaient communes et leur accès se faisait via le palier. Elle parla aussi avec Rod jusqu'à ce que l'heure soit venue pour elle de se mettre en route pour les locaux de World Life. Dehors, la pluie semblait se calmer.

2

Lorsque le taxi la déposa au pied de l'immense bâtiment qui abritait les bureaux de World Life, Chloé eut le plaisir de constater que la pluie avait cessé. Les nuages commençaient même à se dissiper pour laisser entrevoir un ciel d'un joli bleu, un bleu qu'elle espérait voir plus souvent.

 3

Après avoir pris une grande inspiration, la jeune fille franchit les portes et alla se présenter à l'accueil. On la fit monter dans les étages et elle attendit patiemment qu'on l'introduise dans le bureau de son superviseur. Là, elle signa son contrat et eut droit à une visite guidée assez succincte des locaux. Il ne restait plus grand monde à la rédaction, ainsi ne put-elle pas se faire de connaissances.

4

Lorsque Chloé sortit, elle tomba nez à nez avec un homme à la coiffure particulière. Ce dernier maugréait contre le mauvais temps qui faisait un retour en force, et prit la jeune fille à parti:

«Saleté de pluie! Il fait jamais beau dans ce trou paumé. Y en a marre! Vous êtes pas d'accord vous?!

-Oh, euh..oui, si si. C'est infernal.»

5

Après s'être débarrassée de son interlocuteur préoccupé par la météo, elle se rendit compte qu'elle avait faim lorsque son estomac se mit à gargouiller bruyamment. Fort heureusement, son tuteur lui avait parlé d'un endroit qui jouxtait les locaux et où le personnel de World Life avait ses habitudes: ils s'y ruaient tous à l'heure du déjeuner et il n'était pas rare qu'ils y retournent pour un dernier verre avant de rentrer, le soir.

6

Cet endroit s'appellait le Olde Tower Pub et, aussitôt rentrée, Chloé décréta qu'elle ADORAIT ce bar.

La déco est géniale... pensait-elle en regardant tout autour tandis qu'elle s'avançait vers le comptoir. Elle avait toujours aimé ce genre de pub dans lesquels son père l'emmenait souvent, petite. Sa mère n'était évidemment pas au courant de cela.

7

Un jeune homme était de service et il la salua machinalement lorsqu'elle s'installa.

Il a l'air un peu blasé... se dit Chloé en l'observant. En effet, il allait et venait derrière le comptoir, frottant des verres qu'il venait pourtant d'essuyer et poussant de temps à autre un soupir las.

14

La jeune fille commanda du poulet frit et mangea tranquillement. Elle était visiblement la seule cliente et le silence du pub n'était brisé que par le bruit des verres que le barman manipulait. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas jugé utile de mettre de la musique et l'ambiance s'en ressentait: un tel calme était presque dérangeant.

15

«C'était bon?»

La jeune fille sursauta lorsque le barman s'adressa à elle. Effectivement, elle avait fini son assiette quelques minutes auparavant et il vint l'en débarrasser.

«Oui, super, répondit Chloé en levant le pouce, je pourrais avoir quelque chose à boire? Quelque chose à la pomme si vous avez.»

8

«Pas de problème» avait dit le jeune homme avant de se pencher sous son bar pour y attraper elle-ne-savait-quoi. Il semblait s'être déridé et Chloé prit plaisir à le regarder préparer son cocktail.

11

«Vous maîtrisez votre sujet on dirait» lança-t-elle en souriant tandis que le barman faisant tournoyer son shaker sur le bout de son index.

«C'est l'habitude, vous savez» répondit-il avec une certaine humilité.

9

«Et maintenant...la touche finale» fit-il en enflammant une allumette. Sourcils dressés, la jeune fille observait.

10

Après avoir pris une gorgée issue d'une petite flasque posée à proximité, le barman souffla sur l'allumette et offrit à Chloé un beau spectacle en crachant des gerbes de flammes bleutées.

«Bien joué» dit-elle en faisant mine d'applaudir.

12

Au final, la boisson s'avéra délicieuse. Peut-être finirait-elle par elle aussi prendre ses aises ici. De plus, le barman semblait s'être détendu et lui offrait volontiers un sourire lorsqu'elle le regardait. Il demanda d'ailleurs si elle était nouvelle en ville. Il ne l'avait jamais vue.

13

«Je suis arrivée ce matin. Je travaille là...» répondit-elle en pointant du pouce la direction dans laquelle se trouvaient les locaux du magazine.

Ils papotèrent ainsi de tout et de rien jusqu'à ce que la jeune fille ne se lève pour se dégourdir un peu les jambes. Elle fit le tour du pub et s'arrêta, intéressée, près du babyfoot. Chloé regarda autour d'elle et, constatant qu'il n'y avait eu aucun client depuis son arrivée, elle proposa au barman de la rejoindre.

15-1

«Mais...quatre ans de fac avec option babyfoot et je me fais battre par le barman?» se plaignit-elle, à moitié sérieuse. Effectivement, ledit barman qui d'ailleurs, se prénommait Kurt, se débrouillait plutôt bien.

16

Et n'en était pas peu fier.

«YES!» s'exclama-t-il en inscrivant son troisième but. Il surveillait tout de même régulièrement l'arrivée d'éventuels clients.

17

La partie se termina sur une défaite cuisante de Chloé. Kurt, lui, triomphait avec une modestie somme toute limitée:

«OUAIS! C'est qui le patron?!»

Décidément, il n'avait plus grand chose à voir avec le barman austère de tout à l'heure.

 18

La nuit était tombée et la jeune fille fut surprise de constater qu'il était déjà plus de vingt-deux heures. Elle n'était pas spécialement fatiguée mais devait tout de même veiller à adopter un rythme sain en vue de son premier jour. Elle commençait le surlendemain, bénéficiant d'un jour de repos pour se familiariser avec la ville. Une fois que Kurt eut fini de parader, Chloé lui demanda:

«En fait tu ne fais ton chiffre que le midi avec les types de World Life, c'est ça?»

20

Il acquiesça en souriant:

«Oui, et apparemment tu vas bientôt y contribuer, à ce chiffre.

-Tu en penses quoi des gens de là-bas? Enfin, ils sont comment? Je commence après demain, c'est mon premier boulot et j'appréhende un peu tu vois. Déjà qu'ils m'ont fourrée dans un vieil hôtel planqué au fond d'un bois...» dit-elle avec un certain dépit.

19

Kurt prit le temps de réfléchir à la question avant d'y répondre:

«Hm. Ça dépend. Certains des hommes sont plutôt cool, surtout ceux qui s'occupent de la nouvelle technologie, des trucs comme ça. Mais il y en a qui sont plutôt du genre hautains tu vois. Pour les femmes, elles se sentent plus pisser sous prétexte qu'elles sont "journalistes"...»

Chloé pinça les lèvres. Cela ne présageait pas grand chose de bon mais il lui faudrait s'y faire. Et puis, les choses ne seraient peut-être pas si terribles.

21

Après avoir remercié Kurt, elle promit de revenir le surlendemain à sa pause déjeuner. Même si elle ne pourrait pas lui confier ses premières impressions sans risquer que ses collègues ne l'entendent, cela pourrait lui faire du bien de voir un visage amical. Surtout si la description que le jeune homme avait fait des employés s'avérait juste. Comme elle n'avait pas encore sommeil, la jeune fille décida de rentrer à pied jusqu'à l'hôtel.

22

Chloé regardait autour d'elle, notant la présence ici ou là d'un commerce spécifique, d'un restaurant, d'un cinéma. Les rues étaient aussi calmes que ce matin, à son arrivée. Wellspring n'était visiblement pas une ville festive. À cette heure-ci, le campus de Bridgeport grouillaient d'étudiants excités voire alcoolisés. Cette tranquillité n'était donc pas pour lui déplaire.

23

Il était plus de minuit lorsqu'elle s'engouffra dans l'épais bois qui encerclait l'hôtel. Cela ne lui disait rien qui vaille.

C'est carrément le genre de décor qu'on trouve dans les films d'horreur...genre Massacre à la tronçonneuse... pensa-t-elle en regardant de tous les côtés. Parfois, un craquement la faisait sursauter mais il ne devait s'agir que d'un animal. En cas de doute, Chloé éclairait la route avec l'outil lampe-torche de son téléphone.

24

Elle regagna son hôtel tant bien que mal, et surtout avec plus de peur que de mal. En effet, un chevreuil lui avait fait une peur monstre en bondissant d'un fourré pour traverser la route, juste devant elle. À présent, elle n'avait qu'une seule envie: se coucher.

25

Après avoir constaté avec plaisir qu'elle n'aurait pas à partager sa chambre ce soir, Chloé se mit en pyjama et se glissa sous la couverture. Elle était rêche, grattait un peu, mais elle ne s'attendait pas à mieux étant donner l'endroit.

26

J'espère que tout va bien se passer...et si ils ne m'aiment pas? Mais si ce sont tous des cons? songea-t-elle, une fois bien installée dans son lit. La jeune fille fixa ainsi le plafond pendant une dizaine de minutes, se posant mille et une questions pour lesquelles elles n'eut aucune réponse.

27

Et puis, la fatigue l'emporta. Elle l'emporta dans un royaume à la fois étonnement lointain et familièrement proche car c'était un royaume sur lequel elle régnait toutes les nuits depuis bientôt vingt-deux ans. Le royaume des rêves, où tout était possible.

 

Fin de l'épisode 1.02

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17 avril 2016

1.01 Bienvenue à Wellspring!

1

Elle ne pensait pas arriver si tôt. Wellspring somnolait encore, enveloppé du voile rouge-orangé qui accompagne la levée d'une aube sur un jour nouveau, et une pluie étonnement froide pour la saison s'était mise à tomber alors que l'autocar approchait de la ville.

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Le bus finit par ralentir et dégorgea un petit flot de passagers à l'arrêt du centre-ville. Les rues étaient désertes, et la jeune fille envia un instant tous ceux qui, bien au chaud sous leurs draps, n'avaient pas à subir cette bruine désagréable.

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La semelle de ses bottines couinait sur l'asphalte du trottoir tandis qu'elle allait s'asseoir, résignée, sur l'unique banc qui jouxtait la station. Elle s'y assit et attendit.

4

Du haut de ses vingt-deux ans, Chloé Mortimer se lançait dans une grande aventure. L'aventure d'une vie. C'est à cela qu'elle pensait, tout en attendant que quelqu'un de l'entreprise qui l'avait fait venir ici vienne la chercher.

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Elle attendit longtemps. Très longtemps.

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La jeune fille finit par prendre les devants et composa d'elle-même le numéro de la personne qui lui avait été présentée comme son tuteur lors de leurs échanges de mails précédant son arrivée à Wellspring.

«Allô? C'est Chloé Mortimer. Je suis à Wellspring, à l'arrêt devant l'hôpital...vous envoyez bien quelqu'un pour me conduire à l'hôtel, n'est-ce pas?

-Oh, bonjour. Heu. C'était l'idée, en effet, mais on a un petit imprévu, on ne pourra pas vous envoyer de voiture. Prenez un taxi. L'hôtel se situe au....» lui répondit-on à travers le téléphone.

5Ah, d'accord.

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Chloé composa donc le numéro national pour commander un taxi et lui indiqua où venir la chercher. La jeune fille sentait son moral s'amenuiser: la fatigue, le mauvais temps et la contrariété impactait fortement son enthousiasme.

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Et tandis qu'elle attendait -encore- le taxi, elle en profita pour regarder les alentours. Il y avait-là une bibliothèque d'un style carrément moderne et qui lui semblait plutôt sympa. Elle se promit d'y faire un tour à l'occasion. On klaxonna, c'était sa voiture.

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Une fois à l'abri de la pluie, la jeune fille se laissa aller contre son siège et ferma les yeux. Le trajet en bus avait duré dix heures depuis le campus de Bridgeport. Ses parents ne roulaient pas sur l'or, mais ils avaient méticuleusement mis de côté depuis des années pour pouvoir offrir à Chloé ce qu'il y avait de mieux. Heureusement pour eux, elle était fille unique.

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Le vrombissement du moteur et la conduite tranquille du chauffeur de taxi la firent bientôt somnoler. La blonde avait toujours eu tendance à s'endormir dans les transports, rapidement bercée.

10-2

Un léger cahot de la voiture la fit sursauter et elle regarda autour d'elle. Le véhicule avait quitté la ville et s'enfonçait dans un bois plutôt épais qui devait être inquiétant une fois la nuit tombée.

Mon dieu, ils auraient pas pu choisir un hôtel plus près..? songea-t-elle.

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Enfin, ledit hôtel fut en vue. Hôtel? Plutôt un relai gastronomique avec deux ou trois chambres, voire une chambre d'hôte. Dans quoi s'était-elle embarquée?!

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Arès avoir payé la course et remercié le chauffeur, Chloé s'avança vers l'hôtel avec une pointe d'appréhension. Après tout, elle allait de déconvenues en déconvenues et commençait à se demander si elle ne s'était pas faite rouler.

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«Bonjour et bienvenue! Vous devez être mademoiselle Mortimer. On m'a prévenu de votre arrivée. J'espère que vous n'avez pas trop pris la pluie? Je suis Rod, le réceptionniste, intendant, homme à tout faire...

-Bonjour, enchantée» répondit simplement Chloé en hochant la tête.

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La jeune fille enchaîna:

«Vous avez souvent des employés de World Life ici? Je veux dire, ça vous est déjà arrivé?Oh oui, ça arrive environ tous les deux ou trois mois.

-Apparemment les gens vont et viennent, chez eux.»

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 «Généralement ils restent ici pour une ou deux semaines. Mais étrangement, pour vous, ils ont avancé deux mois de séjour. Veinarde!» conclut Rod.

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«D-deux mois?!»

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Chloé, sous les indications de Rod, passa dans une autre pièce afin de se servir un petit café. À en juger de par sa démarche digne du plus décomposé des zombies, la jeune fille avait besoin d'un coup de fouet!

Deux mois...deux mois, ICI? se désolait-elle tout en observant le liquide brun couler dans sa tasse.

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Une fois assise, elle porta la tasse à ses lèvres et sentit une agréable chaleur l'envahir une fois la première gorgée avalée. Le froid qu'elle avait pu ressentir sous la pluie s'estompait et elle se surprit même à se sentir étrangement apaisée. Son café terminé, elle monta dans sa chambre.

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Nouvelle déception. L'entreprise devait donc tant que ça rogner sur les frais d'hébergement pour lui imposer une chambre double?! C'est la mort dans l'âme que la jeune fille choisit le lit du fond. Elle resta un instant debout à regarder la pluie tomber par la fenêtre, soucieuse.

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Finalement, succombant à sa fatigue, Chloé s'installa afin de faire une petite sieste. Elle programma une alarme sur son téléphone car elle avait rendez-vous en fin de journée aux bureaux de World Life afin de signer son contrat.

 

Fin de l'épisode 1.01

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17 avril 2016

Chloé Mortimer - Prologue

1

«Salut les vioc' !

Je sors tout droit de la dernière session d'exams du semestre. C'était tranquille, du tout cuit, surtout avec le Professeur Sparks, elle m'adore! Je flânais à l'association étudiante avec deux trois amis quand deux types sont venus m'aborder. Ils se sont présentés comme des chargés de recrutement pour «World Life», vous savez, le magazine. Apparemment ils ont pour habitude de traîner leurs guêtres sur les campus et de suivre dès leur début, le parcours de certains étudiants prometteurs.

J'ai été tout aussi surprise que vous le serez peut-être en apprenant qu'ils avaient observé mon évolution tout au long de ces quatre ans de fac et qu'ils en étaient satisfaits. Mieux encore, ils m'ont carrément fait une offre d'emploi! Je pense que le Professeur Sparks n'est pas étrangère à ce qu'il m'arrive et tant mieux! Je comprends maintenant pourquoi elle a tenu à repousser ma soutenance sur le rôle des femmes dans le soulèvement de la Libye. Elle devait vouloir qu'ils y assistent! La salle était bondée, j'aurais été incapable de remarquer leur présence.

2

Quoiqu'il en soit, c'est une opportunité inespérée. J'en ai parlé avec mes camarades, avec Yann aussi, et ce qui en ressort c'est que ce serait bête de refuser! Une porte s'est ouverte pour moi et je compte bien m'y engouffrer. Mais il y a un petit hic...le poste est à Wellspring.

Nous savions tous qu'il me faudrait quitter le nid un de ces jours même si, nous ne pensions pas ce jour si proche. Je ne veux pas que vous vous inquiétiez pour moi, mon expérience sur le campus m'a appris à me débrouiller par moi-même. Et ce n'est pas comme si je débarquais là-bas les mains vides! Après tout, j'y ai un travail! Visiblement, la boîte me paye également un hôtel le temps que je trouve à me loger. Tout ira bien.

J'essaierai de venir aussi souvent que possible et de toute façon, je vous écrirai souvent. Papa, il faudrait d'ailleurs que tu te décides à réparer l'ordinateur, ce sera plus simple pour rester en contact.

Je vous fait plein d'énormes bisous-bisous, à vous ainsi qu'à Pickles. D'ailleurs, sa patte va mieux?

Vous me manquez.

3

Chloé.»

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17 avril 2016

Accueil

Salut et bienvenue à tous et à toutes sur ce blog dédié aux aventures de la famille Mortimer! Il s'agit d'un random legacy, c'est à dire que le destin de mes sims a été aléatoirement décidé par ce générateur (en anglais).

Je dévoilerai les tirages de la génération en cours une fois les héritiers choisis et devenus jeunes adultes, prêts à reprendre le flambeau. Pour commencer, c'est à la jeune et ambitieuse Chloé que revient la lourde responsabilité de poser les fondations de cette lignée. On lui souhaite beaucoup de courage :3.

Les MàJ (mises à jour) seront aussi régulières que possible (pour l'instant je table sur un épisode le lundi, mercredi et vendredi), selon les aléas de l'IRL et les épisodes seront classés par génération une fois cette dernière terminée. N'hésitez pas à passer vérifier! Mais assez de blabla et place à l'action!

/!\ Dernier épisode: 1.09 Kurt manque à l'appel!

Sortie de l'épisode 1.10 le 4/05 à 8h00.

 

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